Etoile de mer Acanthaster
La prolifération d’étoiles de mer Acanthaster planci (ou Taramea en Polynésien) a été observée sur de nombreux récifs coralliens indo-pacifiques. Ce sont des prédateurs spécialisés ayant un système digestif adapté à l’ingestion et la digestion des tissus coralliens, par dévagination de l’estomac sur les coraux proies, et digestion externe. Cette stratégie alimentaire laisse des cicatrices alimentaires blanches sur les colonies coralliennes attaquées. Dans la plupart des cas, ces cicatrices se couvrent d’algues de façon durable. En cas de prolifération, ceci entraîne une diminution importante des taux de recouvrements en coraux vivants, ainsi qu’une diminution de la richesse et de la diversité spécifique corallienne.
Dans un récif corallien non perturbé, la taramea est naturellement présente mais peu abondante. Malgré une consommation individuelle de 5 à 6 m (!) de corail par an, elle s’intègre dans le fonctionnement du récif. Ses prédateurs connus sont le grand triton (Charonia tritonis), le poisson globe (Arothron hispidus), les balistes verts et jaunes (Balistoides viridescens et Pseudobalistes flavimarginatus), la crevette (Hymenocera picta), le ver charognard (Pherecardia striata). Comme de nombreux autres échinodermes, la taramea a un potentiel de reproduction très élevé. Du fait de ce potentiel, et pour des raisons non encore totalement élucidées, ces étoiles de mer sont capables de proliférer en une seule génération, envahissant ainsi le récif.
Une prolifération est définie comme une forte augmentation de la population de taramea en quelques mois, puis par une stabilisation de la population à ce niveau jusqu’à ce que la ressource alimentaire se fasse rare. Mais la taille d’une prolifération peut varier de quelques centaines à plusieurs milliers d’individus, voire même millions, en fonction de la superficie et de la morphologie du récif. Une population est considérée comme étant en cours d’explosion démographique si l’on dénombre plus de 40 A. planci par 20 minutes de recherche.
L’impact de ces proliférations est fortement variable selon la partie du récif considérée. Ainsi les zones proches de la surface sont épargnées car trop brassées. Dans la zone intermédiaire du récif, les coraux sont entièrement ou partiellement consommés, et certains genres préférés (comme Acropora et Montipora) peuvent être complètement éliminés du récif, alors que d’autres (comme Pocillopora) sont moins vulnérables, ou même évités (Porites). A Moorea par exemple, les genres les plus menacés semblent être Acropora et Pocillopora. Dans la partie inférieure de la pente externe, les dommages sont généralement moindres car les espèces qui y sont le plus représentées, ne sont pas les espèces préférées des taramea.
Informations tirées de : Lison de Loma T., Chancerelle Y., Lerouvreur F., 2006 – Evaluation des densités d’Acanthaster planci sur l’île de Moorea. Rapport CRIOBE UMS 2978 CNRS-EPHE, RA149 : 18 pp + 2 annexes.