IRCP
Institut des Récifs Coralliens du Pacifique
EPHE

Blanchissement corallien

Le Corail, animal bâtisseur

Le corail est un animal composé d’un squelette calcaire recouvert de milliers de polypes reliés les uns aux autres par des tissus. Ce sont ces polypes qui permettent la construction du squelette carbonaté. Une grande partie de l’énergie nécessaire aux coraux pour construire leur squelette, se reproduire, faire face aux perturbations environnementales, provient d’algues microscopiques (les zooxanthelles) qui vivent en symbiose dans les parties molles (les tissus) du corail.

Les zooxanthelles sont extrêmement nombreuses dans les tissus, plusieurs millions par cm². Au travers de la photosynthèse, elles transforment l’énergie lumineuse en énergie chimique et donnent aux coraux leur couleur. Elles sont donc vitales à leur survie, apportant jusqu’à 90 % de l’énergie nécessaire au métabolisme et à la croissance du corail sous forme de différents composés organiques (sucres, glycérol, acides aminés, par exemple).

Le blanchissement des coraux. Agathak 2015, Carnet du Criobe (avec le soutien de la SOGEDA, Monaco)

Sombres blanchissements

Les récifs coralliens sont malheureusement menacés par l’augmentation de la température de l’eau de mer, qui entraîne la rupture de la symbiose entre le corail hôte et les zooxanthelles. Face à ce réchauffement, les algues microscopiques ne sont plus capables de transformer l’énergie lumineuse en composés organiques ; il en résulte une production de radicaux oxygénés, des substances toxiques capables d’endommager les tissus.

Les coraux, ne pouvant tolérer la présence de ces substances en forte quantité, expulsent alors les zooxanthelles. Cette élimination laisse apparaître des tissus translucides, au travers desquels on peut observer le squelette carbonaté blanc. On parle alors de blanchissement corallien.

De gauche à droite : un corail (genre Pocillopora) vivant, un corail mort dont les extrémités commencent à être colonisées par les algues, un corail vivant mais blanchi, 2016 / C.Berthe

Un corail blanchi n’est pas un corail mort ; seulement, sans les zooxanthelles, les apports énergétiques se voient fortement réduits. Si ces conditions de stress perdurent, les coraux meurent. Ces dix dernières années, de nombreux épisodes de blanchissement sont apparus à travers le monde et certains ont laissé des traces irréversibles. Des températures plus élevées de 1 à 2 °C par rapport à la normale peuvent suffire à provoquer le blanchissement des coraux, car ils vivent déjà dans des températures d’eau de mer très proches de leur seuil de tolérance.

 

 

Evénement massif de banchissement de coraux branchus (genre Acropora) à Tikehau, 2016 / C. Berthe

Les conséquences du blanchissement dépendent de l’intensité et de la durée du stress de température. En 1998, on a observé des températures anormalement élevées à travers le monde durant la saison chaude, entraînant un épisode de blanchissement massif. Ce fut l’un des plus sévères jamais enregistré, touchant plus de soixante pays et atteignant des colonies jusqu’à 50 mètres de profondeur, alors que les effets du blanchissement ne sont en général visibles que dans les 15 premiers mètres. Les taux de mortalité ont parfois atteint les 70 %. À la suite à cet épisode, ce sont 16 % des coraux qui sont morts à travers le monde.

 

 

La perte de couleur des coraux associée à la perte des zooxanthelles et des pigments qu’elles contiennent est l’effet le plus connu de l’augmentation de la température sur le corail. Son impact visuel frappant alerte les populations locales, les plongeurs, les politiques et les gestionnaires.

Voir la carte des alertes suite à l’événement de 2016 (bas de page)

Informations tirées de l’article « Comment le réchauffement risque de tuer le corail« , écrit par Laetitia Hédouin, CNRS.

Comments are closed.